Préparer sa retraite est aujourd’hui l’une des priorités des français. On estime en effet qu’un retraité voit ses revenus baisser de 25 % à 50 % lors de son départ à la retraite. Il est devenu indispensable de le préparer au plus tôt en réalisant des placements qui assureront des revenus complémentaires le moment venu et permettront de maintenir un certain niveau de vie.
Alors quels types d’épargne choisir pour préparer sa retraite ? Les solutions proposées sur le marché sont nombreuses et le choix d’un type d’épargne dépendra du profil et des objectifs de chacun. Nous vous présentons dans cet article les 5 meilleurs placements pour préparer votre retraite.
Placement retraite n°1 : Investir dans un PER (Plan d’Epargne Retraite)
Le plan d’épargne retraite (PER) est le seul support d’épargne dédié à la retraite.
Depuis 2019, le PER regroupe l’ensemble des dispositifs d’épargne retraite, les anciens PERP, PERCO, contrats PREFON, et Madelin retraite. Il permet de regrouper son épargne retraite dans une enveloppe unique, quel que soit son statut professionnel ou son métier, sans avoir à changer de contrat d’épargne au fil de sa carrière professionnelle.
Le PER permet de se. constituer un complément de revenus à la retraite et existe sous deux formes :
- le PER bancaire, souscrit auprès d’une banque, permet d’ouvrir un compte-titres alimenté par des versements volontaires investis dans des titres financiers (OPCVM par exemple) ;
- le PER assurantiel, sous auprès d’une compagnie d’assurances, qui permet au souscripteur d’adhérer à un contrat de groupe fonctionnant comme l’assurance-vie. Des versements volontaires sont investis en fonds euros ou en unités de compte.
Les PER assurantiels auxquels nous allons nous intéresser ici, sont divisés en trois compartiments :
- le PER Individuel (PERIN) qui repose sur des versements volontaires,
- le PER collectif (PERCOL) qui est alimenté par l’épargne salariale (participation, intéressement, abondement, CET),
- et le PER catégoriel (PERCAT) alimenté par des versements obligatoires pour les dirigeants d’entreprise (ancien article 83 du CGI).
Les versements volontaires effectués sur un PER présentent un grand avantage au plan fiscal : ils sont déductibles des revenus de l’année du versement dans la limite d’un plafond qui est fonction à la fois des revenus professionnels de l’année et du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) en vigueur (CGI, art. 163 quatervicies).
Préparer sa retraite en ayant recours au PER est bien sûr particulièrement intéressant pour les contribuables dont la tranche marginale d’imposition est élevée (41 % ou 45 %). Mais d’une manière générale, le PER présente un intérêt pour tout contribuable payant de l’impôt puisque les versements sont déductibles de vos revenus de l’année. Ainsi, un travailleur indépendant relevant d’un régime de micro-entreprise (micro-BIC ou micro-BNC par exemple) pourra réduire son revenu imposable au-delà de l’abattement forfaitaire pour frais professionnels grâce au PER.
Autre avantage du PER : si, au titre d’une année, le plafond d’épargne retraite n’a pas été intégralement utilisé, il est reportable sur les 3 années suivantes. Ainsi, les versements à un PER n’ont pas à être réguliers, mais peuvent être faits au gré de la trésorerie dont vous disposez.
Enfin, en cas de décès prématuré du souscripteur, le capital revient aux héritiers ou aux personnes désignées dans le contrat et est taxé comme en matière d’assurance-vie. Ainsi, en cas de décès avant 70 ans, les sommes transmises sont assujetties à un prélèvement à concurrence de la part revenant à chaque bénéficiaire, après déduction d’un abattement de 152 500 € (CGI, art. 990 I).
Plafonds de déduction fiscale pour les salariés
Pour les salariés, on retient le plus avantageux des deux montants suivants :
- 10% du revenu imposable, dans la limite 10% de 8 fois le PASS (soit 37.094 € en 2024),
- ou 10% du PASS (soit 4.637 € en 2024).
Plafonds de déduction fiscale pour les travailleurs non salariés (TNS)
Pour les travailleurs indépendants (commerçants, artisans, libéraux…), le plafond de déduction des versements annuels à un PER correspond au plus avantageux des deux montants suivants :
- 10 % du bénéfice imposable (net de cotisations sociales et de frais professionnels) dans la limite de 10% de 8 fois le PASS (soit 37.094 € en 2024), auxquels s’ajoutent 15% de la fraction du bénéfice imposable comprise entre 1 et 8 PASS (soit au maximum 48.686 € supplémentaires en 2024).
- Au total, en 2024, les versements peuvent être déductibles jusqu’à 85.780 € par an.
- ou, si cela est plus favorable, 10% du montant annuel du PASS (soit 4.637 € en 2024).
Le plafond applicable aux TNS est nettement plus avantageux que celui prévu pour les salariés, principalement parce qu’ils ont un besoin plus important de se constituer une retraite.
Comment connaître ses plafonds disponibles ?
L’administration fiscale indique automatiquement sur les avis d’imposition à l’impôt sur le revenu les plafonds de cotisations applicables : plafond de l’année en cours, reliquat de plafond des 3 années précédentes, et plafond applicable pour l’année suivante.
Il suffit donc de se reporter à son avis d’imposition pour connaître son plafond de déduction au titre de l’année.
Inconvénient du PER
L’inconvénient du PER réside dans la fiscalité à la sortie. A la retraite, le capital est récupéré par l’épargnant ou il peut être converti en rente viagère. Quelle que soit la solution choisie, les sommes se retrouvent imposées (PFU à 30 % dans le premier cas ou barème progressif de l’impôt sur le revenu dans le second), ce qui finit par gommer l’avantage fiscal lié à la déduction initiale des versements.
Placement retraite n°2 : Ouvrir un contrat d’assurance-vie pour préparer sa retraite
L’assurance-vie est un instrument parfait qui répond à de multiples objectifs en termes de placement financier, d’épargne et de gestion de patrimoine. L’assurance-vie permet de :
- préparer sa retraite grâce à la sortie en rente viagère ou en capital,
- préparer la transmission de son patrimoine,
- protéger sa famille,
- se dégager des revenus complémentaires grâce aux retraits partiels,
- réduire son imposition,
- faire fructifier son argent.
Pendant la vie du contrat d’assurance-vie, le capital investi (les primes) est réparti sur un ou plusieurs supports qui génèrent des revenus (intérêts / plus-values) qui viennent s’ajouter au capital. L’épargnant a plusieurs options :
- opérer un rachat intégral pour percevoir la totalité du capital et clôturer le contrat d’assurance-vie ;
- choisir un rachat partiel afin d’encaisser une partie du capital investi et laisser le reliquat fructifier ;
- opter pour une sortie en rente viagère. Dans ce cas, l’épargnant renonce définitivement à son capital et choisit le versement d’une fraction du capital jusqu’à son décès, selon une périodicité définie (mensuelle, trimestrielle ou annuelle). Dans ce cas, aucun capital ne sera transmis à la personne indiquée dans la clause bénéficiaire ;
- choisir une sortie mixte en panachant rachat partiel et rente viagère.
Ces différentes options ne suivent pas le même régime fiscal.
L’assurance-vie bénéficie en outre d’une fiscalité extrêmement avantageuse si le contrat est conservé pendant plus de 8 ans.
Pour les rachats partiels afférents à des versements réalisés depuis le 27 septembre 2017, la fiscalité applicable peut être synthétisée de la manière suivante :
Âge du contrat | Fiscalité applicable | ||
De 0 à 8 ans | 30 % Prélèvement forfaitaire de 12,80 % + Prélèvements sociaux de 17,20 % | OU | Intégration des produits à l’impôt sur le revenu (barème progressif) + Prélèvements sociaux de 17,20 % |
Au-delà de 8 ans | Application d’un abattement annuel sur la part des intérêts rachetés de 4.600 € pour une personne seule, ou 9.200 € pour un couple marié ou pacsé | ||
Gains provenant des premiers 150.000 € versés 24,70 % Prélèvement forfaitaire de 7,5 % + Prélèvements sociaux de 17,20 % | OU | Gains provenant des versements au-delà de 150.000 € 30 % Prélèvement forfaitaire de 12,80 % + Prélèvements sociaux de 17,20 % | |
Intégration des produits à l’impôt sur le revenu (barème progressif) + Prélèvements sociaux de 17,20 % |
L’assurance-vie présente une fiscalité avantageuse en cas de retraits partiels pour les personnes dont la tranche marginale d’imposition est supérieure au taux du prélèvement forfaitaire (7,50 % ou 12,80 % selon l’âge du contrat et les montants investis). Elle permet de créer des revenus complémentaires pour les retraités, avec le bénéfice d’une franchise d’impôt jusqu’à 4.600 € ou 9.200 € de retraits par an.
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Sur l’assurance-vie, lire aussi :
- Assurance-vie : ce qui change avant et après les 70 ans du souscripteur
- Quelle fiscalité pour l’assurance vie en cas de décès ?
- La fiscalité de l’assurance-vie après 8 ans
Placement retraite n°3 : Investir dans un contrat de capitalisation
Peu connu du grand public, le contrat de capitalisation (ou bon de capitalisation) est un produit d’épargne permettant d’investir sur divers supports financiers (SICAV, FCP, SCPI…).
Il ressemble à l’assurance-vie par son fonctionnement et sa fiscalité. La principale différence avec cette dernière réside dans le fait que le contrat de capitalisation ne repose pas sur la durée de vie du souscripteur mais est émis pour une durée précise. Les fonds investis dans un contrat de capitalisation bénéficient en outre d’une totale liquidité et sont disponibles rapidement, le rachat pouvant être demandé à tout moment.
Investir dans un contrat de capitalisation pour se constituer un complément de revenus à la retraite est une solution à envisager : des rachats partiels programmés peuvent être mis en place, ou bien le capital peut être converti en rente viagère afin d’assurer un revenu régulier au souscripteur jusqu’à sa mort.
La fiscalité des rachats partiels est la même que celle applicable aux rachats partiels sur un contrat d’assurance-vie (voir ci-dessus).
Si le souscripteur du contrat de capitalisation opte pour la transformation du capital en rente viagère, aucune fiscalité ne sera due sur l’aliénation du capital. Les intérêts acquis seront exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Le versement de la rente viagère sera quant à elle soumise à l’impôt sur le revenu pour une quote-part déterminée en fonction de l’âge du rentier lors de l’entrée en jouissance de la rente (CGI, art. 158, 6°) :
Âge du rentier | Fraction imposable de la rente |
Moins de 50 ans | 70 % |
De 50 à 59 ans inclus | 50 % |
De 60 à 69 ans inclus | 40 % |
Plus de 69 ans | 30 % |
Ce pourcentage est fixé une seule fois, pour déterminer la fiscalité applicable à la rente viagère jusqu’au décès du rentier. S’il est prévu une réversion de la rente au profit du conjoint survivant, l’âge du plus âgé des deux sera retenu pour connaître la part imposable de la rente. En revanche, lors du décès du premier époux, le conjoint survivant aura le choix de conserver le taux initial ou de changer en fonction de son âge au moment de la réversion.
Au moment du départ à la retraite, un arbitrage peut être fait entre des retraits partiels (bénéficiant de l’abattement annuel de 4.600 € ou 9.200 €) et l’encaissement d’une rente viagère afin d’optimiser la fiscalité du souscripteur.
Lire aussi : Quels avantages successoraux du contrat de capitalisation ?
Placement retraite n°4 : Opter pour l’investissement locatif pour la rente immobilière
Investir dans la pierre est le premier réflexe des particuliers qui souhaitent se constituer un patrimoine et s’assurer un complément de revenus une fois l’emprunt bancaire remboursé.
Ce type d’investissement présente des avantages certains : effet de levier grâce au financement du bien immobilier par emprunt bancaire, possibilité de démembrer le bien (usufruit / nue propriété) pour anticiper sa succession, bénéficier d’avantages fiscaux grâce aux dispositifs de défiscalisation régulièrement offerts aux contribuables depuis des décennies, et surtout la possibilité de louer le bien pour en retirer des revenus durables, notamment au moment de la retraite.
Il existe aujourd’hui plusieurs dispositifs fiscaux en faveur de l’investissement locatif :
- la loi Pinel offre une réduction d’impôt conséquente (9 %, 12 % ou 14 % de la valeur du bien, plafonnée à 300.000 €) si l’on investit dans un logement neuf et que le propriétaire prend l’engagement de le louer pour une durée de 6, 9 ou 12 ans. Au total, la réduction d’impôt peut s’élever jusqu’à 42.000 €. Attention, prix d’achat au mètre carré est plafonné à 5.500 €. Des taux majorés de réduction d’impôt s’appliquent lorsque l’investissement est réalisé dans certains quartiers ou présentent des critères énergétiques et de qualité.
- la location meublée non professionnelle qui consiste, comme son nom l’indique, à louer un bien meublé et offre la possibilité d’amortir le logement permettant ainsi d’avoir une assiette imposable plus faible que pour une location non meublée. Attention toutefois, la fiscalité de la location saisonnière évolue depuis 2023 pour l’aligner sur celle de la location nue.
- la loi sur les Monuments historiques s’adresse aux contribuables aux revenus imposables élevés. Ce dispositif permet à ceux qui acquièrent un bien immobilier classé « Monument historique » et qui y réalisent de gros travaux de restauration avant de le mettre en location à titre de résidence principale du locataire, de déduire l’intégralité du prix d’achat, du montant des travaux et des intérêts d’emprunts de leurs revenus.
- la loi Malraux offre aussi une belle opportunité de défiscalisation pour les personnes disposant de hauts revenus. Ce dispositif s’adresse aux personnes qui acquièrent un bien immobilier situé dans un secteur sauvegardé, une Zone de protection du patrimoine architectural et paysager (ZPPAUP) ou une Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) et qui le rénove complètement sous la direction d’un architecte des Bâtiments de France. Le logement est ensuite mis en location pendant au moins 9 ans. L’investisseur bénéficie alors d’une réduction entre 22 % et 30 % du montant des travaux (plafonnés à 400.000 € sur 4 ans).
Au-delà des dispositifs fiscaux incitatifs, l’investissement dans l’immobilier locatif est un excellent moyen de se créer un complément de revenus en vue de la retraite.
Lire aussi : Faut-il investir dans une maison de retraite ?
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Placement retraite n°5 : Choisir les SCPI
Si vos ressources financières ou votre situation (faibles revenus, santé fragile) ne vous permettent pas de bénéficier d’un crédit bancaire pour réaliser un investissement locatif, il peut s’avérer opportun d’envisager la SCPI (“Société civile de placement immobilier”).
La SCPI vous permet d’entrer dans le capital d’une société civile immobilière en tant qu’associé, et avec les fonds collectés, elle investira à son tour dans un parc locatif (bureaux, logements, commerces, résidences seniors…). On parle en pratique de “pierre papier”.
Il existe différents types de SCPI :
- les SCPI de rendement dont l’objectif est d’investir dans l’immobilier professionnel,
- les SCPI de bureaux qui investissent dans les bureaux, commerces et centres commerciaux,
- les SCPI diversifiées dont les investissements sont libres,
- les SCPI spécialisées qui investissent dans un secteur particulier (les seniors par exemple avec des investissements dans des cliniques ou des EHPAD),
- les SCPI plus-values dont la stratégie est de valoriser un patrimoine immobilier sur une période longue avec une plus-value importante à la revente grâce à des travaux de rénovation, des achats en viager ou en nue-propriété…
- les SCPI fiscales dont l’objectif est d’investir dans de l’immobilier soutenu par un dispositif de défiscalisation (les biens sont mis en location pour la durée imposée par le dispositif fiscal, avant d’être vendus et les associés remboursés à la liquidation de la SCPI).
En fonction de vos objectifs à court, moyen ou long terme, le choix du type de SCPI dans laquelle investir est primordial.
Les avantages de la SCPI sont multiples : le ticket d’entrée est moins élevé qu’en cas d’investissement direct dans un bien immobilier (on parle de quelques milliers d’euros), la gestion du parc locatif est assurée par la SCPI elle-même, les rendements sont assez bons (entre 4 % et 8 % bruts par an), même si la crise a pu changer la donne dans certains secteurs. Parmi les inconvénients, on peut citer les frais d’entrée qui peuvent être élevés parfois, et la faible liquidité des parts des SCPI, surtout les SCPI fiscales qui peuvent être très difficiles à revendre sans avantage fiscal.
Bien préparer sa retraite, c’est se constituer une épargne et la faire fructifier avec une vision à long terme. Voici quelques conseils pour conclure :
- commencez dès que cela est possible à mettre de côté, tout en étant régulier (alimentez un contrat d’assurance-vie, achetez des parts de SCPI) ;
- diversifiez votre épargne pour minimiser les risques de perte (ne dit-on pas qu’il ne faut jamais mettre tous ses oeufs dans le même panier ?) ;
- ne perdez pas de vue la fiscalité liée à vos placements. Ainsi, certains produits de défiscalisation ne sont peut-être pas faits pour vous ou encore des arbitrages peuvent être rendus nécessaires pour certains supports (assurance-vie, contrat de capitalisation) ;
- si vous recherchez un bon rendement, vous devrez accepter de prendre des risques mais avec une épargne à long terme vos gains seront certainement plus sécurisés qu’avec des placements à court terme. Évitez de paniquer en cas de crise financière en soldant toutes vos positions, les fluctuations boursières montrent bien qu’à long terme, le cours du CAC 40 remonte toujours.